Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/57

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VI

Vorontzoff était content parce que c’était précisément lui qui avait réussi à attirer et à recevoir le principal et plus puissant ennemi de la Russie, après Schamyl. Une chose, toutefois, lui était désagréable : le commandant des troupes de la forteresse Vozdvijenskaia était le général Meller Zakomelski, et, à vrai dire, toute cette affaire aurait dû être menée par lui, tandis que Vorontzoff avait tout fait sans lui en rien dire ; de sorte qu’il en pouvait résulter des désagréments. Cette pensée gâtait un peu le plaisir de Vorontzoff.

Arrivé à sa demeure, Vorontzoff confia à l’aide de camp les murides de Hadji Mourad, et invita celui-ci, personnellement, dans sa maison.

La princesse Marie Vassilievna, élégante, souriante, accompagnée de son fils, un beau garçon de six ans aux cheveux bouclés, vint recevoir Hadji Mourad dans le salon. Hadji Mourad croisa ses deux mains sur sa poitrine et, un peu solennellement, répéta plusieurs fois, par l’intermédiaire de l’interprète qui l’accompagnait, qu’il se considérait comme un véritable ami du prince puisque celui-ci l’avait reçu dans sa maison, et que la famille d’un