Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/66

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tourner le malade pour voir si la balle n’était pas ressortie de l’autre côté.

— Qu’est-ce que c’est que cela ? demanda le médecin en indiquant de grandes traces blanches qui se croisaient sur le dos et les reins.

— C’est depuis longtemps, Votre Seigneurie, prononça Avdéieff en gémissant.

C’étaient les traces de la fustigation qu’il avait subie pour avoir détourné de l’argent, dépensé à boire. On replaça Avdéieff sur le dos, et le docteur farfouilla longtemps dans le ventre avec la sonde. Il trouva la balle mais ne put l’extraire, et après avoir fait un pansement et bandé la blessure, le docteur s’en alla. Pendant que le docteur sondait la blessure et la pansait, Avdéieff était couché, les dents serrées et les yeux fermés. Quand le docteur fut parti, il ouvrit les yeux et regarda avec étonnement autour de lui. Ses yeux se portaient sur les malades et l’infirmier, mais il paraissait ne pas les voir. Il voyait autre chose, qui l’étonnait.

Les camarades d’Avdéieff, Panoff et Seréguine, vinrent le voir. Avdéieff était toujours allongé, regardant avec étonnement devant lui. Il demeura longtemps sans reconnaître ses camarades, bien que ses yeux fussent fixés sur eux.

— Eh bien, Piotr, ne veux-tu pas faire savoir quelque chose à la maison ? dit Panoff.

Avdéieff ne répondit pas, cependant il regardait le visage de Panoff.

— Je demande si tu ne veux pas envoyer un