Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/96

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ment en fermant les yeux. — Et il y avait encore une raison pour laquelle je voulais accepter le Khazavat.

— Laquelle ?

— Près de Tselmess, nous nous heurtâmes, le Khan et moi, contre trois murides : deux s’enfuirent ; je tuai le troisième d’un coup de pistolet. Quand je m’approchai de lui pour le dépouiller de ses armes, il était encore vivant. Il me regarda et me dit : Toi, tu m’as tué. Moi, je me sens bien. Tu es un musulman jeune, jeune et fort ; accepte le Khazavat. Dieu l’ordonne.

— Et bien, est-ce que tu l’as accepté ?

— Non, je ne l’ai pas accepté, mais j’ai commencé à réfléchir, répondit Hadji Mourad, et il continua son récit.

— Quand Gamzat fut venu près de Khounzan, nous envoyâmes chez lui les vieillards avec mission de dire que nous consentirions à accepter le Khazavat, s’il voulait d’abord nous envoyer un savant quelconque pour nous expliquer comment il nous faudrait alors nous comporter. Gamzat ordonna de raser les moustaches aux vieillards, de leur percer les narines et de leur suspendre au nez des biscuits, puis il les renvoya. Les vieillards racontèrent que Gamzat était prêt à envoyer le cheik pour nous instruire du Khazavat, mais sous la condition que la femme du Khan lui envoie comme otage son fils cadet. La femme du Khan eut confiance et envoya Boulatch Khan chez Gamzat. Celui-ci le reçut bien et nous fit prier