Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/15

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Il fut pris une seconde, puis une troisième fois, enfin une quatrième. Tout le monde cria. La maîtresse le gronda. Haro sur lui.

Comme nous l’avons dit, c’était un homme bon, mais faible qui aimait la boisson et ne pouvait se défaire de ce défaut. Lorsqu’il revenait ivre à la maison, sa femme le grondait, le rouait de coups même, et lui, pour toute réponse, il se mettait à pleurer comme un enfant.

— Je suis un homme bien malheureux, que vais-je devenir !… Que mes yeux crèvent si je recommence.

Au bout d’un mois il disparaissait tout à coup pour un jour ou deux et revenait ivre à la maison.

— Il doit trouver de l’argent d’une manière ou d’une autre pour s’amuser, disaient les paysans.

La dernière histoire qu’il eut, fut à propos de la pendule du comptoir.

Il y avait au comptoir une vieille pendule qui ne marchait plus depuis longtemps. Or, un beau jour, il s’y trouva tout seul. La pendule le tenta ; il l’emporta et alla la vendre en ville.

Pour son malheur, le marchand, à qui il l’avait vendue, était parent de l’un des serviteurs attachés à la maison. Il vint lui faire visite et lui raconta toute l’histoire. Le serviteur n’eut rien de plus pressé que de la communiquer à tout le monde. On fit une enquête et l’on découvrit le coupable.

L’intendant, qui n’aimait pas Polikei, s’occupa de cette affaire avec un acharnement tout particulier. La maîtresse en fut instruite, elle appela Polikei. Il se jeta à ses pieds (comme le lui avait recommandé sa femme), et lui avoua tout en sanglotant.

La maîtresse lui fit la morale, lui parla de Dieu,