Page:Tolstoï - Katia.djvu/139

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mon père, et, sans même le nommer, il ajouta :

— Il lui arriva un jour de me dire en plaisantant : « Tu épouseras ma petite Katia ! »

— Qu’il eût été heureux aujourd’hui, repartis-je en me serrant plus fortement encore contre son bras, qui soutenait le mien.

— Oui, vous étiez encore une enfant, poursuivit-il en plongeant son regard jusqu’au fond de mes yeux ; je baisais alors ces yeux-là et je les aimais uniquement parce qu’ils étaient semblables aux siens, et j’étais loin de penser qu’un jour ils me seraient si chers par eux-mêmes.

Nous continuions à marcher doucement sur ce sentier champêtre, à peine frayé, à travers le chaume tout piétiné et tout couché, et nous n’entendions d’autre bruit que celui de nos pas et de nos voix. Le soleil répandait des flots