Page:Tolstoï - Katia.djvu/217

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cessé d’éprouver aucun trouble de vivre ainsi dans des mondes entièrement distincts, entièrement étrangers l’un à l’autre. Nous nous habituâmes à cette pensée, et au bout d’un an, tout embarras mutuel s’était évanoui quand nous venions à nous regarder l’un l’autre. Ses accès de gaîté vis-à-vis de moi, ses enfantillages avaient complètement disparu, et elle avait aussi disparu, cette indulgente indifférence à l’égard de toutes choses, qui jadis m’avait révoltée ; rien non plus n’avait survécu du regard profond d’autrefois, qui me troublait et me réjouissait à la fois ; plus de ces prières, de ces transports que nous aimions à partager ensemble, et nous ne nous voyions même plus que rarement ; il était constamment en courses, et je ne craignais plus, je ne me plaignais plus de rester seule ; j’étais perpétuellement lancée