Page:Tolstoï - Katia.djvu/43

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tarda pas à s’effacer sans plus jamais reparaître.

Pendant le cours de tout l’été, il vint nous voir deux ou trois fois par semaine ; je m’habituai si bien à lui que, quand il restait un peu plus longtemps sans revenir, il me semblait pénible de vivre ainsi seule ; je me fachais intérieurement contre lui et je trouvais qu’il agissait mal en me délaissant. Il se transforma vis-à-vis de moi en une sorte d’amical camarade, me questionnant, provoquant de ma part la franchise la plus sincère, me donnant des conseils, des encouragements, me grondant quelquefois, m’arrêtant au besoin. Mais malgré ces efforts pour rester toujours à mon niveau, je sentais qu’à côté de tout ce que je connaissais de lui, il existait en lui un monde tout entier auquel je demeurais étrangère et