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l’église et l’état

païenne, est au sommet de la grandeur humaine (il est considéré comme un Saint), qui accepte le christianisme, donne l’exemple à tout le peuple, le convertit, prête main forte contre les hérétiques, établit par un concile universel la seule religion vraie, chrétienne.

La religion catholique, chrétienne est établie pour toujours. Il était si naturel de se laisser prendre à cette tromperie, et jusqu’ici encore on croit au bienfait de cet événement. Et pourtant la majorité chrétienne renonçait à sa foi. C’étaient les portes, par lesquelles l’énorme majorité des chrétiens s’engagea précisément dans la voie païenne où elle marche encore. Charlemagne, Vladimir, continuent la même chose. Et jusqu’à présent dure la tromperie de l’Église, qui consiste en ceci : que l’acceptation du christianisme par le pouvoir est nécessaire pour ceux qui comprennent la lettre et non l’esprit du christianisme, car l’acceptation du christianisme sans le renoncement au pouvoir n’est que la parodie du christianisme et sa défiguration.

La bénédiction du pouvoir par le christianisme, c’est un sacrilège, c’est la perte du christianisme.

Après avoir vécu quinze cents ans dans cette alliance sacrilège du pseudo-christianisme et de

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