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l’église et l’état

peut être dans tout ce qu’on nomme hérésie, mais assurément elle ne peut être là où elle s’est unie à l’État. C’est étrange à dire mais les appellations (religions orthodoxe, catholique, protestante), telles qu’elles sont établies dans le langage habituel, ne signifient rien d’autre que la « religion unie au pouvoir », la religion d’État et, par suite, la religion mensongère.

La conception de l’Église, c’est-à-dire l’unité de pensée de plusieurs, de la majorité, et, en même temps, l’approche à la source de la doctrine, pendant les deux premiers siècles du christianisme n’était qu’un des mauvais prétextes extérieurs. Paul disait : « Je sais du Christ lui-même » ; un autre disait : « Je sais de Luc » et tous disaient : « Nous pensons juste et la preuve, c’est que nous sommes une grande réunion, l’ecclésias, l’église. Mais c’est seulement depuis le concile de Nicée, établi par l’empereur, qu’a commencé, pour ceux qui professent la même doctrine, la tromperie directe, évidente.

« Obéis à nous et à l’Esprit », comme on disait alors. La conception de l’Église devenait déjà non seulement un mauvais argument, mais, pour certains, le pouvoir. Elle s’unissait au pouvoir et

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