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l’église et l’état

portant et si l’on peut s’exprimer ainsi, « plus vrai ». Quand on regarde d’un côté l’histoire du christianisme, on est saisi d’horreur. Sans exception, depuis le commencement et jusqu’au bout, jusqu’à nous, de quelque côté qu’on porte les yeux, quelque dogme qu’on prenne, par exemple le dogme de la divinité du Christ, jusqu’à l’apposition des mains, jusqu’à la communion avec le vin ou sans vin, les résultats de tous ces effets spirituels employés pour l’interprétation de ces dogmes sont : la colère, la haine, les supplices, l’exil, les massacres des femmes et des enfants, les bûchers, les tortures. Regarde-t-on de l’autre côté de la doctrine, du côté moral, depuis l’isolement au désert pour la communion avec Dieu jusqu’à la coutume de donner le pain dans la prison, et les résultats sont toutes nos conceptions du bien, toute la joie et la consolation qui nous servent de flambeau dans l’histoire…

Les hommes aux yeux de qui ne se montraient pas encore nettement les résultats de l’un et l’autre côtés pouvaient encore se tromper, ils ne pouvaient point ne pas se tromper. Ceux qui étaient sincèrement entraînés dans les discussions sur les dogmes, sans remarquer que grâce à ces dogmes ils servent Satan et non Dieu, sans remarquer que Christ di-