Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/76

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au contraire, une interprétation qui mettrait tout le monde d’accord. Et cet accord ne saurait se faire que lorsqu’on aura trouvé une interprétation sensée.

De fait, malgré toutes nos divergences, nous ne nous mettons d’accord qu’en ce qui est raisonnable. Si la révélation chrétienne est la vérité, elle ne doit pas, pour nous convaincre, craindre la lumière de la raison. Si cette révélation est absurde, eh bien, tant pis ! Dieu peut tout, c’est vrai, mais il est incapable d’une chose, c’est de dire des inepties. Or, nous faire une révélation que nous ne pouvons comprendre est tout bonnement stupide.

J’appelle révélation ce qui est révélé à la raison qui a atteint ses dernières limites : la contemplation du divin, c’est-à-dire de la sainte vérité supérieure à la raison. J’appelle révélation ce qui répond à la question que ne saurait résoudre la raison qui m’avait conduit au désespoir et failli tuer : quel est le sens de ma vie ? Cette réponse doit être intelligible et ne pas être contraire aux lois de la raison comme l’est, par exemple, l’affir-