Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/135

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des maladies réelles ou de pure imagination, par leur présence même, simplement. Quant à moi, tant qu’a duré ma vie conjugale, j’ai senti fortement que tout mon bonheur et tous mes intérêts ne tenaient qu’à un fil et dépendaient exclusivement de la santé, du bien-être et de l’activité de mes enfants.

Les enfants tiennent la première place : parfait ; cependant, il faut bien que nous vivions tous. De nos jours, les parents n’ont pas de vie propre ; toute leur vie est attachée à un cheveu, il n’y a plus de vie de famille, de vie conjugale. Pour si importante que soit l’affaire dont la conclusion nous occupe, nous laissons, nous négligeons, nous oublions tout dès qu’on nous annonce que Vassia a mal au ventre ou que Lisa souffre de la gorge. Nous oublions tout pour ne plus songer qu’au médecin, au pharmacien, à la température du malade.