Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/138

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et qu’on avait ainsi sauvé les enfants. Les docteurs, naturellement, confirmaient la chose en se rengorgeant et cela renforçait la conviction de ma femme. Certes, elle aurait bien voulu ne pas avoir peur, mais il suffisait que le médecin prononçât les mots d’empoisonnement du sang, de scarlatine ou — Dieu nous en préserve ! — de diphtérie, et la voilà partie.

Il est impossible qu’il en soit autrement. Si nos femmes d’aujourd’hui avaient la croyance des femmes d’autrefois : « Dieu nous a donné, Dieu nous a repris » ; que l’âme de l’enfant retourne à Dieu, que sa mort fait de lui un bienheureux parce qu’il meurt dans l’innocence et non dans le péché ; enfin si elles avaient cette croyance qui était générale dans l’ancien temps, si elles avaient seulement un sentiment qui rappelât cette foi, elles supporteraient avec plus de calme les mala-