Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/199

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feinte, elle était réellement malade. On appela le médecin et, toute la nuit, je la soignai.

Au jour elle se calma et nous nous réconciliâmes sous l’influence de ce sentiment que nous nommions amour.

Le lendemain, je lui avouai que j’étais jaloux de Troukhatchevsky ; elle ne fut en rien embarrassée, se mit à rire de l’air le plus naturel, tant lui parut étrange la possibilité de céder à un pareil homme.

— Est-ce qu’une honnête femme peut éprouver avec un tel homme un sentiment autre que le plaisir de faire de la musique avec lui ? demanda-t-elle. Si tu y tiens, je suis disposée à ne plus le revoir de ma vie, même dimanche, bien que nos invitations soient lancées. Écris-lui que je suis souffrante et tout sera dit. Une seule chose m’ennuie, c’est qu’il ait pu être considéré