Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/202

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Il répondait toujours avec esprit et avec un sourire d’approbation et d’intelligence, comme s’il eût précisément attendu ce qu’on venait de dire ou de faire.

Tout ce qui lui était défavorable, je le remarquais avec joie ; cela me tranquillisait, me faisait voir qu’il ne pourrait prendre dans l’esprit de ma femme qu’une place infime et que, ainsi qu’elle l’avait dit, elle ne pourrait jamais s’abaisser jusqu’à lui.

Je réprimai ma jalousie, moins en raison des affirmations rassurantes de ma femme que pour m’épargner les tortures atroces que me valait cette jalousie. Et cependant, pendant le dîner, pendant la première partie de la soirée, tant que la musique n’eut pas commencé, mon attitude ne fut pas naturelle à leur égard. Involontairement, j’épiais tous leurs gestes, tous leurs regards.

Le dîner, comme toujours, fut ennuyeux.