Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

action. Je compris que c’était moi qui l’avais tuée, qui l’avais replongée dans le néant ; que si elle était là, gisante, froide, immobile, comme une statue, c’était mon œuvre.

Je vis bien que cela était à jamais irréparable. Celui qui n’a pas subi de telles épreuves ne peut pas les comprendre.

Nous restâmes longtemps en silence, vis-à-vis l’un de l’autre. Pozdnychev frissonnait et sanglotait.

— Oui, s’écria-t-il, si j’avais su alors ce que je sais aujourd’hui, il ne serait rien arrivé. Je ne l’aurais pas épousée, pour rien au monde ; je ne me serais pas marié ! Jamais.

Oui, monsieur, voilà ce que j’ai fait, les épreuves que j’ai traversées. Il faut bien saisir le sens exact de l’Évangile selon saint Mathieu, v. 28 ; il faut bien comprendre que cette phrase : « Quiconque regarde une femme