Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/100

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drais te demander quelque chose, Votre Excellence, reprit-elle après un court silence, en baissant les yeux et en saluant le barine.

— Quoi ? demanda Nekhlioudov distraitement, car il était encore ému du récit que venait de lui faire la vieille femme.

— Il est encore jeune, et moi, quel travail peut-on encore attendre de moi ? Je suis vivante aujourd’hui, mais je puis mourir demain. Il ne peut pas rester sans femme ; il ne serait pas un moujik. Songe donc à nous, notre père.

— C’est-à-dire que tu veux le marier. Eh bien, c’est une bonne idée.

— Fais-nous cette grâce… Tu es notre père et notre mère.

La baba fit un signe à son fils. Ils tombèrent tous deux aux pieds du barine.

— Pourquoi me salues-tu jusqu’à terre ? dit Nekhlioudov avec impatience, en soule-