Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/156

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clés, aux petits yeux bleus et étincelants, au visage rose à peine estompé par un duvet clairsemé sur la lèvre et autour du menton. Il se rappela qu’Iliouchka avait émis la crainte qu’on ne lui laissât pas continuer son métier de voiturier, et les arguments mis en avant en faveur de ce métier qu’il aimait. Il aperçut la grande route humide, par un matin gris et brumeux ; et, lentement, s’avançant, une longue file de voitures lourdement chargées et couvertes de grandes toiles d’écorce, marquées d’énormes lettres noires ; les chevaux bien repus, aux jambes épaisses, faisaient sonner leurs grelots, tendant les cordes de l’attelage et tirant avec ensemble pour monter la côte. La poste venait à la rencontre de l’oboze[1] ; elle descendait la pente avec un grand bruit de clochettes dont l’écho se répercutait au loin

  1. File de voitures.