Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/148

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de la vie, et par conséquent perd la vie. Chacun doit se rappeler qu’en s’efforçant de conserver sa vie, il perd la vie, ce que Jésus répète bien souvent.

La vraie vie est celle qui ajoute quelque chose au bien accumulé par les générations passées, qui augmente cet héritage dans le présent et le lègue aux générations futures.

Pour être associé à cette vie, l’homme doit en bon fils renoncer à sa volonté personnelle pour observer la volonté du Père, qui a donné la vie au Fils (de l’homme).

(Jean, viii, 35.) « Or, l’esclave ne demeure pas toujours en la maison ; mais le fils y demeure toujours. » — Le fils seulement qui observe la volonté du père a la vie pour toujours, dit Jésus, en exprimant la même idée en d’autres termes. Or, la volonté du père de la vie n’est pas la vie personnelle et égoïste du chacun pour soi, mais la vie filiale, la vie du fils unique animant les hommes ; c’est pourquoi l’homme ne conserve la vie que quand il la considère comme un gage, comme un talent qui lui est confié par le Père pour le mettre en œuvre au profit de tous, c’est-à-dire quand il vit de la vie du fils (de l’homme). (Matthieu, xxv, 14-46) Un maître laisse à chacun de ses esclaves une partie de son bien et les quitte sans rien leur dire. Quoique n’ayant pas reçu d’instructions précises au sujet de l’emploi de son bien, les uns comprennent que le bien est au Maître, qu’il faut l’augmenter et travaillent pour le Maître. Et les esclaves qui ont travaillé au bien du Maître deviennent les associés du Maître ; quant à ceux qui n’ont pas travaillé, ils sont dépouillés de ce qu’ils ont reçu.

La vie du fils (de l’homme) est donnée à tous les