Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/212

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L’homme n’est pas au monde pour que l’on travaille pour lui, mais pour travailler lui-même pour les autres. Celui qui travaillera aura sa nourriture.

Ce sont là des vérités corroborées par la vie de l’univers entier.

Jusqu’ici, toujours et partout où l’homme travaillait, il recevait sa provende. Et cette nourriture était assurée à l’ouvrier qui travaillait malgré lui, de mauvaise volonté ; car l’ouvrier ne désirait qu’une chose : se débarrasser du travail, acquérir le plus possible et faire porter le joug à celui qui le lui imposait tout à l’heure. Un semblable ouvrier, envieux, méchant, et travaillant à contre-cœur, ne manquait jamais de nourriture et se trouvait même être plus heureux que celui qui ne travaillait point, mais vivait du travail d’autrui. Combien ne serait-il donc pas plus heureux, l’ouvrier qui travaillerait suivant la doctrine de Jésus, dans l’unique but de travailler le plus possible, ne souhaitant pour son travail que le moins possible ? Combien sa position s’améliorerait, quand, peu à peu, il verrait augmenter autour de lui le nombre des hommes qui suivraient son exemple. Les services rendus seraient alors réciproques.

La doctrine de Jésus sur le travail et ses fruits trouve son expression dans le récit des cinq pains et des sept mille hommes rassassiés avec deux poissons et cinq pains.

L’humanité jouira de la plus grande somme de bien-être accessible aux hommes sur la terre, non pas lorsque chacun s’efforcera de s’approprier le plus possible et de consommer tout à lui seul, mais quand on agira comme Jésus l’a enseigné au bord de la mer.

Il fallait nourrir quelques milliers d’hommes. Un des disciples de Jésus lui dit qu’il avait vu chez un garçon