Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/22

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l’impossibilité de les observer par mes propres forces ?

Quand mon maître me dit : Va fendre du bois, et que je réponds : c’est au-dessus de mes forces, je dis une de ces deux choses : ou bien que je ne crois pas à ce que dit mon maître, ou que je ne veux pas faire ce qu’il m’ordonne.

Eh bien, comment pourrai-je dire du commandement de Dieu, si simple et si clair, qu’il m’est impossible de le pratiquer sans le secours d’une force surnaturelle ? Comment pourrai-je parler ainsi, alors que je n’ai même pas fait le moindre effort pour lui obéir ?

Dieu, dit-on, est descendu sur la terre pour sauver les hommes. Le salut consiste en ce que la seconde personne de la Trinité, Dieu le Fils, en souffrant pour les hommes, a racheté leur péché devant le Père et a donné aux hommes l’Église, au sein de laquelle repose la grâce qui se transmet aux croyants ; mais, en outre, Dieu le Fils a donné aux hommes une doctrine et l’exemple de sa vie pour leur salut.

Comment pouvais-je donc dire que les règles de la vie, qu’il a formulées clairement et simplement pour tout le monde sont difficiles à pratiquer, qu’il est même impossible de les pratiquer sans secours surnaturel ?

Non seulement il n’a pas dit cela, mais il a formellement déclaré que celui qui ne les pratiquerait pas n’entrerait pas dans le royaume de Dieu. Et jamais il n’a dit que la pratique en serait pénible, mais au contraire, il s’est ainsi exprimé : « Mon joug est doux et mon fardeau est léger. » (Matth., xi, 30.)

Et Jean l’évangéliste a dit : « Ses commandements ne sont point pénibles. » (I, saint Jean, v, 3.)

Puisque Dieu déclare qu’il est facile de pratiquer sa