Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/247

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La doctrine de Jésus ne peut contrarier en aucune façon les hommes de notre siècle sur leur manière d’envisager le monde ; elle est d’avance d’accord avec leur métaphysique, mais elle leur donne ce qu’ils n’ont pas, ce qui leur est indispensable et ce qu’ils cherchent : elle leur donne le chemin de la vie, non pas un chemin inconnu, mais un chemin exploré et familier à chacun.

Supposons que vous êtes un chrétien sincère de n’importe quelle confession. Vous croyez à la création du monde, à la Trinité, à la chute et à la rédemption de l’homme, aux sacrements, aux prières, à l’Église. La doctrine de Jésus, non seulement ne combat pas votre manière de voir, mais elle est absolument d’accord avec votre cosmogonie ; elle vous donne seulement ce que vous n’avez pas. En conservant votre religion, vous sentez que la vie du monde, comme la vôtre, est remplie de maux, et vous ne savez comment les éviter. La doctrine de Jésus (obligatoire pour vous, parce que c’est la doctrine de votre Dieu) vous donne des règles simples et pratiques qui vous délivreront sûrement, vous et les autres, de ces maux qui vous tourmentent.

Croyez à la résurrection, au Paradis, à l’Enfer, au pape, à l’Église, aux sacrements, à la rédemption ; priez conformément aux prescriptions de votre religion, faites vos dévotions, chantez des hymnes, tout cela ne vous empêche pas de pratiquer ces cinq commandements qui vous ont été révélés par Jésus pour votre bien : Ne vous mettez pas en colère ; Ne commettez pas l’adultère ; Ne prêtez pas serment ; Ne vous défendez pas par la violence ; Ne faites pas la guerre.

Il peut arriver que vous manquiez à une de ces règles ; vous céderez peut-être à l’entraînement, et vous violerez