Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/63

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la loi éternelle est précisée par l’expression : la loi ou les prophètes.

L’histoire du texte de ces versets 17 et 18, d’après les variantes, est très remarquable. Dans la majorité des copies, on voit le mot : « la loi, » tout court, sans l’addition « et les prophètes ». Cette rédaction n’admet plus de fausse interprétation dans le sens de « la loi écrite ». Dans d’autres copies, celle de Tischendorf et dans les versions canoniques, on trouve le mot : prophètes, non pas avec la conjonction « et », mais avec la conjonction « ou » : « La loi ou les prophètes », ce qui exclut également la signification de la loi écrite et indique qu’il s’agit de la loi éternelle.

Dans quelques autres versions, non acceptées par l’Église, on trouve le mot « prophètes » avec la conjonction et, non pas ou, et dans ces mêmes versions, à chaque répétition des mots « la loi », on retrouve de nouveau « et les prophètes ». Jésus, d’après cet arrangement des mots, ne parlerait que de la loi écrite.

Ces variantes fournissent l’histoire des commentaires de ce passage. Le seul sens clair est que Jésus, selon Luc, parle de la loi éternelle ; mais comme, parmi les copistes des Évangiles, il s’est trouvé des gens qui désiraient que la loi écrite de Moïse fût reconnue obligatoire, ils ont ajouté au mot « la loi » les mots : « Et les prophètes », et ils ont changé ainsi le sens de ces paroles.

D’autres chrétiens, qui ne reconnaissaient pas au même degré l’autorité des livres de Moïse, ont supprimé les