Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/65

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cinq livres de Moïse, intitulés « Thora », dans le même sens qu’on donne chez nous au mot Bible, mais avec cette différence que nous avons des mots pour distinguer entre Bible et loi divine, tandis que, chez les Juifs, le même mot sert à, exprimer les deux idées.

C’est pourquoi Jésus, en se servant du mot loi, « thora », l’emploie tantôt comme Isaïe et les autres prophètes, en lui donnant le sens de « loi divine » éternelle et, dans ce cas, la confirme ; tantôt dans le sens de la loi écrite du Pentateuque et, dans cet autre cas, la rejette. Pour bien marquer la différence, quand il se sert de ce mot dans le sens de loi écrite, il ajoute toujours « et les prophètes » ou bien le mot votre (loi) qui précède le mot loi.

Quand il dit : « Ne fais pas à un autre ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît, c’est là toute la loi et les prophètes, » il parle de la loi écrite. Il dit que toute la loi écrite peut être réduite à cette seule expression de la loi éternelle, et par ces mots il abroge la loi écrite.

Quand il dit (Luc, xvi, 16) : « La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean, » il parle de la loi écrite et, par ces mots, il l’abroge.

Quand il dit (Jean, vii, 19) : « Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi, et néanmoins nul de vous n’accomplit la loi » (Jean, viii, 17) : « Il est écrit dans votre loi. » (Jean, xv, 25) : « Afin que la parole qui est écrite dans leur loi », il parle de la loi écrite, de cette loi qu’il renie, de cette loi qui le condamne à mort (Jean, xix, 7) : « Les Juifs lui répondirent : Nous avons la loi, et d’après notre loi, il doit mourir. » Évidemment, cette loi judaïque, en vertu de laquelle on envoyait au supplice, n’est pas la loi qu’enseignait Jésus.