Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/87

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Toutefois, les paroles qui me frappaient toujours quand je lisais le Sermon sur la montagne : « sauf pour cause d’infidélité », ces paroles, d’après lesquelles un homme pourrait répudier sa femme en cas d’infidélité de sa part, ces paroles me frappèrent encore davantage.

Je n’insiste pas sur ce que je trouvais de mesquin dans la forme même de la pensée où, à côté des vérités si profondes de ce Sermon sur la montagne, se plaçait, comme une remarque dans un code criminel, cette étrange exception à la règle générale ; je ne parle que de l’exception elle-même, qui était en contradiction avec l’idée fondamentale.

Je consulte les commentaires ; tous, Jean Chrysostome et les autres, même de savants théologiens exégètes comme Reuss, reconnaissent que ces paroles signifient que Jésus permet le divorce en cas d’infidélité de la femme, et que, dans le chapitre xix de Matthieu, dans l’exhortation de Jésus interdisant le divorce, les paroles : « sauf pour infidélité », signifient la même chose. Je lis et je relis le trente-deuxième verset du chapitre v, et ma raison se refuse à comprendre que cela puisse signifier : permission de répudier. Pour vérifier mes doutes, je consulte les contextes et je trouve dans les Évangiles de Matthieu (xix), Marc (x), Luc (xvi) et dans la première épître de Paul aux Corinthiens l’affirmation de la doctrine de l’indissolubilité du mariage.

Selon Luc (xvi, 18), il est dit : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet adultère, et quiconque épouse une femme répudiée par son mari commet adultère. »

Selon Marc (x, 5-12), il est dit également sans aucune