Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/108

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dirait que les intérêts les plus élevés leur tiennent au cœur alors que tout, au contraire, n’est qu’un prétexte ; tout le monde sait qu’on mangera bien, qu’on boira, et que c’est cela qui les a réunis.

Déjà plusieurs jours avant cette fête on tue, on égorge des animaux, on apporte des paniers de comestibles, et les cuisiniers, les aides de cuisine, les marmitons, les garçons de cuisine, vêtus tout de blanc, « travaillent ». Des chefs qui reçoivent 500 roubles par mois et, plus encore, donnent des ordres ; les cuisiniers hachent, pétrissent, lavent, disposent, ornent. Les maîtres d’hôtel, solennels, calculent et examinent tout en véritables artistes. Le jardinier dispose ses fleurs ; les laveuses de vaisselle… toute une armée de gens travaille ; on dépense le produit de milliers de journées de labeur, et tout cela pour célébrer la mémoire d’un grand homme ou d’un ami défunt ou fêter l’union de deux jeunes gens.