Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/41

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— Sans doute on veut vous envoyer à la ville pour acheter quelque chose, reprit-elle. Moi je pense qu’on aura eu besoin d’un homme sûr, et dès lors c’est vous qu’on aura choisi. Achetez-moi donc un quart de thé, Polikey Iliitch !

Akoulina contint ses larmes ; une contraction de haine convulsa ses lèvres. Comme elle eût voulu arracher à poignée les cheveux de cette propre-à-rien, la femme du menuisier ! Mais ses regards tombèrent sur ses enfants ; la pensée lui vint qu’ils allaient peut-être se trouver orphelins, et qu’elle serait, elle, la veuve d’un soldat. Oubliant alors la méchante femme du menuisier, elle cacha son visage dans ses mains, se laissa tomber sur le lit et enfonça sa tête dans les oreillers.

— Petite maman, tu m’écrases ! murmura la