Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/160

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II. — L’orgueil national

1. Se croire meilleur que les autres est mal et stupide, nous le savons tous. Considérer sa famille comme la meilleure de toutes, est plus mal et plus stupide encore ; et, cependant, non seulement nous ne nous en rendons pas compte, mais encore nous y voyons un mérite particulier. Considérer son peuple comme le meilleur entre tous est la chose la plus stupide qui puisse exister. Or, loin d’être jugée comme mauvaise, cette présomption apparaît comme une grande vertu.

2. Les gens se querellent entre eux et savent que ce n’est pas bien. Alors, pour se donner le change à eux-mêmes et pour étouffer leur conscience, ils inventent des excuses à leur animosité. L’une de ces excuses est que je suis meilleur que les autres hommes ; seulement, ceux-ci ne le comprennent pas, et c’est pourquoi je ne puis m’entendre avec eux. Une autre excuse, c’est que ma famille est meilleure que les autres familles ; la troisième, que ma classe est meilleure que les autres classes ; la quatrième, que mon peuple est meilleur que les autres peuples. Rien ne désunit les hommes autant que l’orgueil, qu’il soit celui de l’individu, de la famille, de la classe ou de la nation.

III. — Un homme n’a pas de raison de s’enorgueillir devant les autres, parce que le même Esprit vit dans tous les hommes.

1. L’homme se trouve meilleur que les autres quand il