Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/209

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aux exigences de son âme et où il néglige le corps, les amusements et l’opinion publique, pour ne penser qu’à son âme.

2. Il est difficile de déroger tout seul aux coutumes établies ; cependant, à chaque pas que l’on fait pour devenir meilleur, on se heurte contre l’usage établi et l’on subit la critique des gens. L’homme qui consacre sa vie à se perfectionner y doit être préparé.

3. C’est mal d’irriter les gens en dérogeant aux coutumes établies, mais c’est plus mal encore de déroger aux exigences de la conscience et de la raison en subissant les coutumes pernicieuses.

4. On ridiculise celui qui garde le silence, comme celui qui parle trop, comme celui qui parle trop peu ; il n’y a pas un homme sur terre qu’on ne critique pas. Il n’y a jamais eu, il n’y a pas et il n’y aura jamais personne qu’on aurait toujours blâmé pour tout ce qu’il fait, de même qu’il n’y a personne qu’on aurait toujours loué. C’est pourquoi, il est inutile de se préoccuper ni des louanges, ni des blâmes des gens.

5. Tu crains que les gens ne te méprisent pour ta douceur ; mais les gens justes ne peuvent pas te mépriser pour cela ; quant aux autres, tu n’as pas besoin de t’en préoccuper—ne fais pas attention à leur opinion. Un bon menuisier ne se chagrinera pas parce qu’un homme qui ne comprend rien à son métier n’approuve pas son travail.