Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/85

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que disent les autres », et l’autre : « réfléchis toi-même ». Plus l’homme devient âgé, plus il entend ces deux voix contradictoires : l’une est la voix du corps, l’autre celle de l’esprit. Et celui qui s’habituera à entendre la voix de l’âme, sera heureux.

5. Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. MATTH., VI, 24.

6. On ne peut avoir soin en même temps de son âme et de son corps. Si tu veux des plaisirs charnels, renonce à ton âme ; si tu veux préserver ton âme, renonce aux plaisirs charnels. Sinon, tu sera tiraillé tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et tu n’auras ni l’un ni l’autre.

7. L’homme cherche à s’assurer la liberté afin de soustraire son corps à toute entrave et de pouvoir agir à sa guise. C’est là une grande erreur. Les moyens par lesquels les hommes cherchent à délier leur corps de toute entrave : la richesse, la puissance, la bonne réputation, tout cela n’assure pas la liberté souhaitée ; au contraire, cela ne fait que les lier davantage. Pour acquérir une liberté plus grande, les hommes construisent une prison de leurs péchés, tentations et superstitions et s’y enferment.