Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/94

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a créé la femme qui, pour avoir un enfant, doit souffrir, accoucher, l’allaiter, l’élever ? Ne serait-ce pas plus simple si Dieu lui donnait des enfants tout faits, sans accouchement, sans allaitement, sans peines ni soucis ? Aucune mère ne posera cette question, car l’enfant lui est cher précisément par ce que c’est dans les tourments de l’accouchement, de l’allaitement, de l’éducation, des soucis qu’était la plus grande joie de sa vie. Il en est de même de la vie humaine : les péchés, les tentations, les superstitions, la lutte et la victoire obtenue sur eux constituent tout le sens et toute la joie de la vie.

2. Il est très pénible à l’homme de connaître ses péchés : en revanche, il éprouve une grande joie à sentir qu’il s’en débarrasse. S’il n’y avait pas de nuit, nous ne pourrions pas nous réjouir à l’apparition du soleil ; s’il n’y avait pas de péché, l’homme ne connaîtrait pas les joies d’une vie exemplaire.

3. Si l’homme n’avait pas d’âme, il ne connaîtrait pas les péchés ; et s’il n’y avait pas de péchés, l’homme ne saurait pas qu’il possède une âme.

4. Les péchés, les tentations et les superstitions constituent le terreau qui doit recouvrir les semences de l’amour pour qu’elles puissent lever.