éprouverions envers un tel homme le respect et la reconnaissance, nous tâcherions de le prendre comme exemple et nous emploierions toutes nos forces pour atteindre nous-mêmes son degré d’élévation morale. Et pour cela, cette même doctrine chrétienne qui l’inspire, nous soutiendrait.
Mais dès l’enfance nous sommes habitués à croire non les indications directes de notre nature divine, non la doctrine chrétienne dans sa signification simple, mais à avoir confiance en une institution humaine qu’on appelle l’État et à croire en la justification de cette institution : c’est-à-dire en l’Église. Depuis notre tendre enfance, nous recevons les idées de nos parents, de nos professeurs d’histoire et de religion et de tout le milieu qui nous entoure : nous sommes habitués à penser comme on pense autour de nous, et nous apprenons à nous méfier des indications de notre raison, de notre conscience, comme d’une manifestation dangereuse de l’orgueil et de la présomption.
Ainsi, avons-nous cru à la plus grande superstition qui existe encore de notre temps : aux liens réciproques de l’État et de l’Église. Cette malheureuse illusion élevée entre nous et Dieux nous le cachait, et te-