Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/125

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conque veut intervenir en faveur de leurs victimes et se hâtent d’éloigner ceux qui dénoncent ces cruautés.

En commettant tout cela, ils disent, avec un certain grain de franchise : « Sans doute nous plaignons tous ces fanatiques au rêve irréalisable de fraternité universelle. Mais que faire ? Si l’on permet à chacun de vivre selon sa conscience, alors bientôt tous refuseront de servir, et quand il n’y aura pas d’armée, il n’y aura plus d’État. Devant la sécurité de l’État, tout le reste doit être au second plan. Comme hommes, nous regrettons de causer des souffrances, mais comme représentants du pouvoir, nous devons défendre la sécurité de l’ordre existant, même s’il nous faut, pour cela, sacrifier nos sentiments personnels. Tout ce qui nuit à l’État doit disparaître. »

Et en effet, tout ce qui nuit à l’État disparaît ; mais la conscience chrétienne parmi les hommes ne disparaît pas (au contraire, grâce à ces persécutions, elle gagne et en profondeur et en surface) seule disparaît la dernière étincelle divine dans les âmes des fanatiques de la religion de l’Église et de l’État.

Mais d’un autre côté, en même temps que ces persécutions et lié à elles, grâce à