Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/68

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bataillon donna l’ordre de l’arrêter, et il fut conduit dans un cachot souterrain appelé « le fossé », où on le tint pendant neuf jours en ne lui donnant que du pain et de l’eau, et pas toujours en quantité suffisante. Pendant ce temps, les dix autres Doukhobors, en revenant du poste, et en apprenant que Lebediev avait jeté les armes et était en prison, remirent aussi leurs fusils au sous-officier et déclarèrent qu’ils refusaient de servir, parce que c’est contraire au service de Dieu et à la doctrine chrétienne.

Ils furent mis en prison, mais à part de Lebediev, et on évita soigneusement toute communication entre eux. Néanmoins, cet isolement ne fut pas obtenu, car tous les soldats étaient du côté des prisonniers, et ainsi, par ses conseils, Lebediev put soutenir le courage de ses frères spirituels.

L’affaire fut portée devant les tribunaux ; pendant l’instruction, on tâcha d’agir sur les Doukhobors par des menaces de mort, mais ils persistèrent dans leur refus. Ils s’étaient tellement habitués à la pensée de la mort, qu’ils furent tout surpris de l’arrêt qui leur conservait la vie. Le jugement avait eu lieu à Tiflis, le 16 juin ; les Doukhobors furent envoyés aux bataillons disciplinaires, Lebe-