Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/88

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« Au village Romachevo, la plupart des Doukhobors appartenaient au parti de la minorité, mais dans une famille, le fils de Nicolaï Sliepov, sa femme, sa sœur et sa mère voulurent venir chez nous et recommencer une nouvelle vie. Ils cessèrent de boire de l’eau-de-vie, de fumer, de manger de la viande ; le père fit des objections et obligea sa famille à vivre comme autrefois. Ils s’adressèrent à nous, demandant de l’aide, nous leur avons dit de venir chez nous, même si le père ne leur donnait rien, qu’ils viennent nus, et que nous les habillerons et sauverons leur âme. On convint de les envoyer chercher en charrette, le Doukhobor Iegor, Kadikine s’en chargea. On emmena d’abord la mère et la sœur et ensuite Nicolas Sliepov et sa femme. Le père resta seul et se plaignit aux autorités. Quand les Cosaques logèrent à Rodionovka, quelqu’un signala au capitaine, Nicolaï Sliepov et Iegor Kadekine ; le capitaine ordonna d’administrer à chacun cent coups de fouet. »

Ces quelques cas que j’ai signalés caractérisent suffisamment la conduite des troupes pendant le cantonnement. Quand les Cosaques furent partis, on se mit à chasser les Doukhobors de leurs villages, d’abord cinq