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SIXIÈME JOURNÉE.


Jean Payod dès trois heures du matin fait la tournée des grabats et réveille ceux qui dorment. « Il faut partir, » dit-il. Le temps cependant est loin d’être au beau : de lourdes nuées pèsent sur le flanc des montagnes, et l’aube humide et froide présage une terne aurore. Mais guides et gens s’accordent à dire que le ciel s’éclaircira plus tard, et qu’en tout cas nous avons le temps de passer le Bonhomme sans crainte et sans hâte. Lorsque guides et gens sont d’accord, le mieux c’est d’aller son train. Nous nous mettons donc en route après avoir pris congé de M. D…, qui nous quitte ici pour redescendre à Genève.

À cette heure, par ce temps, et à jeun presque, que c’est morne, hélas ! de s’acheminer contre des gorges vides et des pentes nues ! C’est alors qu’on se replie sur soi-même, et que l’on s’interroge sur la qualité du plaisir que l’on s’est choisi. Mais ce plaisir, l’on n’est plus libre de le