Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/210

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replat. Gare la pretantaine ! À la fin, voici un premier plateau, avec des blocs pour s’y asseoir et de la neige rouge pour s’en faire des granités.

De ce plateau l’on voit la cime : les gens du couvent y ont élevé une pyramide. Mais on voit aussi l’escarpement par lequel il faut y parvenir, et, à ce spectacle, M. Töpffer renonce d’emblée à toute espèce de Chenalette quelconque, tant pour lui que pour tout son monde. À la fin pourtant, persuadé par Jean Payod, et supplié par cinq de ses compagnons les plus agiles et les plus aguerris, il se laisse aller à autoriser l’expédition, mais seulement pour ceux-ci, et en se réservant, pour plus de sûreté, d’en faire lui-même partie. On part. Ce sont d’abord des éboulis de grandes roches feuilletées qui basculent sous les pas, ou qui, une fois votre personne dessus, se mettent à descendre le plus vite qu’elles peuvent. Ce sont ensuite des rampes nues qui plongent droit dans la neige rouge, puis un premier grand coquin de couloir atroce… Dès ici la flageole, et au diable les Chenalettes ! Alors M. Töpffer ne se réserve plus du tout de faire partie de l’expédition ; mais voyant ses cinq compagnons parfaitement en train et Jean Payod sans inquiétude, il les laisse poursuivre, pour s’occuper sans délai de regagner le plateau, en évitant toutefois d’y arriver trop vite par la voie des roches feuilletées. Sur le plateau tout va bien. L’on dresse la lunette, et pendant que chacun à son tour suit avec anxiété les progrès