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DIXIÈME JOURNÉE.


Nous revoici dans la plaine, mais pour peu de temps. Il s’agit seulement de gagner Sion, pour, de là, nous aventurer dans des gorges encore inexplorées des touristes et au sujet desquelles nous ne possédons pas même d’exacts renseignements. Tant mieux ! Rien ne vaut l’imprévu, et aller à la découverte du plus petit des nouveaux mondes c’est, à notre goût, un plaisir plus piquant encore que de promener une banale admiration devant les vieilles merveilles du monde connu, décrit et étiqueté.

La vallée du Rhône, qui court de l’ouest à l’est à peu près, est profondément encaissée entre les Alpes bernoises, qui la ferment au nord, et la chaîne des hautes Alpes, qui la sépare au midi des plaines du Piémont et de celles de la Lombardie. Mais tandis que les Alpes bernoises, parallèles au cours du Rhône, et toutes prochaines, le bordent en quelque sorte de leurs gigantesques parois ; la chaîne des hautes Alpes, au contraire, à partir du col de Balme, s’arrondit en un cintre immense dont les pics du