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QUATORZIÈME JOURNÉE.


Que nous avons bien fait d’attendre à Viége, en allemand Wisp ! Aujourd’hui pas un nuage ne flotte dans toute l’étendue du firmament, et au fond de cette gorge, hier obscure et fermée, des cimes, ici encore enveloppées d’ombre, plus haut frangées des scintillantes clartés du lever. Comme à Sion, nous laissons nos sacs à l’auberge et nous partons de bonne heure, allégés de tout ce qui ne nous est pas strictement nécessaire pour une expédition de trois jours.

Derrière Viége, le pays est immédiatement solitaire, boisé, pittoresque tout autrement qu’il ne l’est dans la vallée du Rhône à l’endroit où on vient de la quitter, et sûrement bien des artistes qui ne font que traverser Viége ne se doutent pas que ce hameau leur masque des ombrages tout prochains, des eaux, des rochers, des sites qu’ils s’en vont peut-être chercher bien loin, alors qu’ils les trouveraient là tout prés d’eux. À la vérité, nous cheminons dans cette gorge avant que le soleil y ait pénétré, et il est