Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/299

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les objets ; et là où l’œil nu ne suffit pas, il vous prête sa loupe. Delille, aussi abusivement descriptif, est vraiment plus peintre.

Ce clocher qui scintille, c’est celui de Stalden, un tout petit hameau, à deux heures de Viége. On y gravit le long d’un chemin tortueux bordé de blocs alignés et qu’enserrent sous leurs longs rameaux des noyers pommelés. Vive le pittoresque ! mais c’est de déjeuner qu’il s’agit. Nous frappons à la première maisonnette ; un vicaire en sort, pâle, fluet, haut de six pieds, et qui nous accueille du plus bienveillant sourire. « Técheuner, dit-il, ya, ya ! » et il nous fait monter dans une chambre haute, chambre de bois, proprette, vernissée, avec madones alentour, bénitier à l’angle, et où pénètre, au travers d’un vitrage engageant de netteté, ce beau, ce doux soleil matinal, dont il y a une heure, parvenus aux abords du pont, nous admirions le réjouissant éclat. Cependant David coupe le sucre, et, tandis qu’arrivent des étables voisines les seaux remplis de lait écumant, une bonne fille s’essouffle à faire griller du pain, à faire bouillir du café, à monter, à descendre, jusqu’à ce qu’enfin tout est prêt, et la nappe, et le beurre, et le fromage, et les convives. Après que la première faim a été assouvie, et pour autant que le permet la différence des idiomes, l’entretien s’engage avec le vicaire, et, quelque incroyable que nous paraisse le