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pages à ces représentations des mystères, sans paraître se douter qu’au delà de la frontière du pays qu’il habite ces représentations subsistent à cette heure encore ; et nous-même, bien plus impardonnablement sans doute, il a fallu que nous tombassions fortuitement sur l’une de ces représentations pour nous douter qu’elles fussent encore de ce monde. Ce que c’est pourtant que de procéder des livres et toujours des livres, comme on y est si fort porté dans notre docte siècle, plutôt que de procéder parfois des choses, des faits, de la vie ! Ce que c’est aussi, alors même qu’on procède des livres, que d’aller en oublier quelques-uns, et des instructifs, et des principaux, sur l’objet ! L’autre jour M. le pasteur Bridel, le vénérable et savant auteur du Conservateur suisse, instruit par hasard de l’intention où nous étions de décrire la représentation de Stalden, nous fit passer, avec un petit volume devenu fort rare[1], et qui contient une pièce jouée à Züg en 1672, une note toute remplie d’indications précieuses. Empêché que nous sommes de faire actuellement les recherches intéressantes, mais trop laborieuses pour des yeux fatigués, dont cette note nous ouvre l’accès, nous pensons bien faire que de la transcrire ici au profit de ceux qui seraient tentés de s’occuper de ce sujet, et aussi parce qu’elle donnera déjà à ceux qui l’auront parcourue une succincte idée du théâtre suisse tel qu’il a existé et tel qu’il subsiste encore dans quelques vallées catholiques des Alpes.

  1. Ce petit volume, qui s’ouvre par un frontispice où l’on voit les treize cantons disposés en couronne autour de cette devise : Concordia victoriam. Discordia exitium parit, et au-dessous Guillaume Tell ajustant la pomme, porte pour titre imprimé en langue et en caractères allemands :
    renaissante ou
    Court précis de la manière dont une très-honorable fédération de la liberté,
    de la puissance et de la magnificence, a pris naissance, et par ses propres forces
    et l’assistance de Dieu s’est élevée jusqu’au rang d’État souverain
    et de République libre.
    Représentée sur le théâtre public d’une honorable bourgeoisie (Bürgerschaft) de la ville de Züg le 14 et 15 septembre 1672.
    Livrée à l’impression publique pour les amis de la chèrement acquise liberté, et en leur demande en l’an 1702.
    Se trouve à Züg, chez Charles-François Haberer, bourgeois de cette ville.
    Imprimé à Lucerne, chez Godefroi Haulten feu Wittib.