Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/373

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nourriture qu’il éprouve au lever, se soient changés en un brillant appétit. Au sortir de table, nous faisons une excursion au glacier. Pour le moment, la voûte, ordinairement si belle, quelquefois immense, de dessous laquelle s’élance le fleuve, n’est pas formée, et c’est de la base même du glacier que sortent les flots bouillonnants.

L’an passé, quand nous nous trouvions dans ces mêmes lieux, combien nos impressions étaient différentes ! Nous étions alors au début du voyage, nous nous dirigions sur Venise ; aussi, malgré l’âpreté d’un ciel pluvieux, il semblait que déjà les sérénités de l’Italie projetassent leurs reflets dorés sur nos impressions du moment, aussi bien que sur nos espérances de plaisir et sur nos rêves de palais et de lagunes. Aujourd’hui le ciel est radieux, les cimes resplendissent ; une fraîcheur qui arrive du glacier tempère les ardeurs du plus riant soleil ; mais nous approchons du terme du voyage, mais c’est vers le couchant du plaisir et des vacances que nous allons tourner nos regards et nos pas, et s’il ne s’ensuit pas de la tristesse, du moins les impressions diminuent d’agrément et de vivacité, en raison de ce que les espérances sont à court terme, et les rêves, hélas ! tout de livres et de pupitres ! Ainsi, comme que l’on s’y prenne, un voyage est toujours une image de la vie ; ou la vie avec ses beaux jours, son déclin et