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SIXIÈME JOURNÉE.


De bonne heure le déjeuner est servi. Parmi d’étranges décoctions, et encadré de pains au safran, l’on y voit figurer, sauf encore de nos morsures et vainqueur de notre faim, le coq d’hier au soir. Alors David, revenu de son évanouissement et vorace comme sont les convalescents, réclame l’honneur d’engager avec lui un combat à mort, et soit que la nuit ait attendri les chairs, soit que les désarticulations commencées aient continué de s’accomplir, David vient enfin à bout de ce coriace, et, mirmidon qu’il est, il l’avale tout entier. Pendant ce temps, les servantes, aidées de toute la commune, font d’extraordinaires efforts d’arithmétique, aux fins de pouvoir nous présenter une note à payer qu’elles apportent en tremblant… C’est vingt-quatre francs. On leur en compte trente, dont six entre elles deux, et à la vue d’une aussi effrayante bonne-main, elles sont sur le point de s’enfuir de nouveau.