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Néanmoins, comme le raisin abonde, avec les autres il vendange de son mieux…

Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

Vers le milieu du jour, et par une canicule d’enfer, nous arrivons à Alexandrie, ville de remparts, de sentinelles, de demi-lunes, de contrescarpes et de pont-levis. Comment se fait-il qu’il se trouve au monde des habitants de quoi peupler un pareil séjour : une place de guerre au milieu d’une plaine rase !… Et néanmoins les bourgeois, les bourgeoises y ont l’air aussi pères de famille qu’ailleurs. La bonne suit, un bambin précède, jouant au cerceau ou se mouchant de travers. Des élégants, des oisifs flânent le long des trottoirs ou lorgnent de dessous les platanes de la promenade. Et c’est vrai qu’après tout, dans une pareille contrée, la ville est plus champêtre encore que les champs. Il y a de l’herbe sur les demi-lunes, et ces platanes font grand plaisir.

Après le repas, et pour savoir que faire, quelques-uns d’entre nous vont prendre le moka dans un café borgne, le seul qui soit à portée. La dame alors s’empare d’eux, et les met au fait de l’origine et des révolutions, du lustre et de l’éclipse, des amis et des ennemis de son établisse-