Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amitié sous un même toit ; ou bien si ce sont deux irréconciliables ennemies, dont l’une, si elle ne parvient pas à étouffer l’autre, du moins la chasse du logis. Tant que la science, comme dans l’antiquité, est religieuse, conjecturale, contemplative, c’est de la poésie encore ; et au lieu de deux sœurs qui ont aujourd’hui tant de peine à s’accorder, l’on en a neuf qui vivent paisibles et unies sous les ombrages de l’Hélicon, s’y racontant en beaux vers aussi bien les merveilles du firmament et les beautés enchanteresses de la terre, que les éloquences de la passion et les secrets de la destinée humaine. Mais aujourd’hui que la science, défiante des croyances, dédaigneuse de l’imagination, hostile à tout ce qui n’est pas vérifiable par la sensation érigée en instrument suprême, est devenue l’étude de la matière dépouillée autant que possible des dehors somptueux, des grâces sans nombre, des bienfaisants attributs dont l’orna le Créateur, chacun de ses progrès fait tomber une pierre de l’édifice croulant de la poésie, chacune de ses lumières, en détruisant de partout le mystère, n’est plus qu’un feu qui, en éclairant, dévore.

Quoi qu’il en soit, nous trouvons établie sous ces ombrages une société, un genre tout nouveau pour nous. Ce sont quatre curés, trois sœurs