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aises d’être abrités. » Mais le soleil brille en ce moment, en sorte que nous laissons dire, et les deux marchands ont du dessous.

Plus loin, une mendiante nous attend aussi pour nous tenir d’interminables discours en azés, et les sous qui pleuvent dans sa main ne font que rendre plus rapide et plus bruyant le flot de son éloquence. À la fin, se taisant tout à coup, elle se retire à quelque distance, et là, dévotement agenouillée, elle implore en notre faveur la protection de sainte Madeleine. Un homme vient à passer : « Que fay ? — Prions (je prie), » dit-elle, et elle continue son oraison. Pendant ce temps, le ciel s’est de nouveau chargé de nuées qui se mettent à crever sur nos têtes, et les deux marchands, qui choisissent ce moment pour nous devancer abrités sous de magnifiques parapluies, ne laissent pas que d’avoir du dessus. Nous arrivons à Marigé transis de froid et mouillés jusqu’aux os.

Dans toute cette région, les auberges offrent quelques caractères communs et distinctifs. L’ail et l’huile d’abord, qui dominent dans tous les assaisonnements ; ensuite, pas de couteaux, ils sont fournis par le consommateur. Dans les chambres à coucher, point d’eau, et du linge, pas davantage. Enfin, comment dirai-je… tous les endroits désirables, et pas l’endroit nécessaire. La clef des champs, rien d’autre.