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Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 1, 1871.djvu/76

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chat couché avec un prince du sang. Seuls quelques esprits toujours chagrins ne donnaient guère dans ce genre de grimaces libérales, qui sont à la vraie démocratie ce que le sourire d’un candidat qui mouche les marmots de ses électeurs est au véritable amour du peuple. — Vapereau constate, avec un attendrissement qui aura beaucoup de peine à nous envahir, que le duc d’Aumale obtint sur les bancs du collége, des succès universitaires écrasants. C’est possible ; un fils de roi n’est pas tenu d’être plus bête qu’un autre ; il en a le droit, c’est déjà bien gentil ; mais les Adrien Marx, qui émaillent la basse-cour de toutes les monarchies, nous ont tellement limés avec les princes bacheliers ès-lettres de naissance, que nous aimons mieux croire tout simplement à la complaisante rouerie des pions du duc d’Aumale qu’au génie surhumain de leur élève. — Du reste, la précocité du duc d’Aumale ne tarda pas à se faire sentir d’une façon générale ; ainsi, à peine au sortir de l’enfance il devenait, par la mort du dernier des Condé, un millionnaire des plus distingués (17 ans !!) et grâce à ses aptitudes universelles, était nommé dans la même année, officier, capitaine, chef de bataillon et lieutenant-colonel de l’armée française en Afrique (18 ans !!!) ; ce jeune prodige avait, décidément, sinon des connaissances très-étendues, du moins de fort belles connaissances. — Atteint en 1841 par une fièvre, puis par une seconde, il fut rappelé par son père qui lui écrivit, à ce que prétend le Tintamarre : Reviens, il ne faut pas courir deux fièvres à la fois. Il accourut et fit à Paris son entrée triomphale (19 ans !!!!), à la tête du 17e léger. — En 1842, il fut créé maréchal de camp (20 ans !!!!!) et repartit en Afrique où il se signala par de brillants faits d’armes, naturellement !… Il prit Abd-el-Kader. On l’aida bien un peu ; mais s’il fallait que l’histoire entrât dans ces détails insignifiants, il ne lui resterait plus le temps d’admirer les princes que leurs soldats couvrent de gloire. Les troupes du duc d’Aumale ayant fait l’émir prisonnier, il était juste qu’elles en fussent récompensées : Louis-Philippe et son Amélie conférèrent à leur Fritz le grade de lieutenant-général (21 ans !!!!!!). À vingt-deux ans, le duc d’Aumale épousa la princesse Marie-Caroline-Auguste de Bourbon, fille du prince Léopold de Salerne — En 1847, le duc d’Aumale fut nommé gouverneur général (25 ans !!!) de nos possessions d’Afrique. Ce choix fit un peu grogner l’opposition.

Lorsque éclata la révolution de 1848, le duc d’Aumale quitta l’Algérie, alla rejoindre son père à Claremont et se joignit au prince de Joinville pour protester contre le bannissement de sa famille. — Pendant les vingt-cinq années que dura son exil, le duc d’Aumale se livra à des travaux littéraires qui attirèrent l’attention générale de quatre ou cinq douzaines d’imbéciles dont l’attention est toujours attirée par tout ce que font les princes prétendants, fût-ce de la tapisserie pour dessus de fauteuils. — Il écrivit dans la Revue des Deux-Mondes, publia sous le titre : Lettre sur l’Histoire de France une critique amère du gouverne-