Page:Toulet - La Jeune Fille verte, 1920.djvu/108

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qu’un feignait en sa présence de le rabaisser là-dessus :

— Il y a des gens, disait-elle, qui naissent nobles.

Mais elle n’expliquait, de cet adage, ni la portée, ni le mystère.

— Tout de même, Mademoiselle de Lahourque, reprit Basilida, c’est chez vous qu’il se sert, n’est-ce pas ? Prenez garde.

La pudeur mit à nouveau son incarnat sur les joues de Victorine.

— Oh ! Madame, il est si distingué. Avec moi, jamais un mot plus haut que l’autre.

Le fait est que M. Lubriquet-Pilou, informé depuis plusieurs années de cette conquête, était obligé, pour soutenir son caractère, de venir chaque jour acheter son tabac à l’Agneau Pascal. Comme il n’en fumait guère que pour trois ou quatre sous par jour, la buraliste le lui préparait d’avance en petits paquets de couleur, et sans pailles. Ah ! que ne les pouvait-elle orner de fleurs, de ces cloches et ces calices