Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mariolles reste muet, abruptement. Toute sa loyale figure s'efforce de signifier: Comment voulez-vous que je sache ça, au moins pour les jarretelles?

--Qui est-ce, Mme de San Buscar?

--Une Américaine.

--Et après?

--Elle est de Saint-Paul, je crois, ou de Minneapolis; une ville sur un lac, dans l'Ouest, une ville très bien.

--Comme qui dirait Saint-Jean-d'Angely.

--Oui. Elle s'appelle Imogène. Elle avait épousé d'abord un colonel anglais très riche. Elle, elle n'avait pas le sou, ce qui ne manque pas de chic pour une Américaine. Lui est mort alcoolique, en lui laissant un sac qu'elle a encore, et un joli nom qu'elle n'a gardé que trois ans. Ça s'est prononcé San Buscar, tout d'un coup. Ce pauvre colonel: il était ivre de whisky tous les soirs, et si on voulait le raccompagner, au sortir du Club, il vous flanquait des coups de revolver. Puis il s'en allait, raide comme la justice; trouvait, par un décret spécial