Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/28

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Jacques débarqua sur les quais d’Alger par un temps de paradis. Au-dessus de lui il pouvait voir le boulevard de la République éclater de lumière, sous l’azur tendre ; et plus bas, à droite, les pêcheries grouillantes, ou bien la Marine dont les eaux clapotaient dans une ombre verte et noire.

Ayant envoyé, provisoirement, pensait-il, son bagage à l’hôtel, il prit une voiture découverte et se fit conduire à Mustapha-Supérieur, villa Beau-Regard, où demeurait Nane.

Elle sourit tendrement à le revoir, et, une fois de plus, le jeune homme ressentit l’attrait de ses lèvres lentes et de ses indolentes mains. Mais dès qu’il voulut parler de s’installer à la villa :

— Ça n’est guère possible, objecta Nane. D’abord, il y a d’Elche, déjà.

— D’Elche ? Et qu’est-ce qu’il fait ici, celui-là ?

— Tu le verras ; il est si malade. Et puis, autre chose : j’ai eu des nouvelles de Bélesbat. Il revient en France d’un moment à l’autre ; et de là, il peut nous tomber dessus, comme une cheminée.

— Comme une cheminée, comme une cheminée...